La scie à grand cadre racontée par Prosper

LA SCIE A GRAND CADRE racontée par Prosper à un gamin de Bellecombe:

« Je suis Albert Mugnier, mais tout le monde m’appelle Prosper dans le village, je suis le dernier propriétaire de cette belle scierie que tu vois la.

Tout a commencé en 1819 quand mon ailleul a eu l’autorisation de réaliser une prise d’eau sur le nant de Bellecombe. Dès 1861, les scieries ont été recensées et on en dénombrait 12 à l’époque, te rends-tu compte? Cela faisait une activité très importante pour Bellecombe qui comptait tout de même 1200 habitants!

En 1870, un ouragan emporte malheureusement la scierie, alors mes ailleux décidèrent une demande pour la reconstruire. D’autres membres de la famille Mugnier s’opposèrent à sa reconstruction, ayant déjà construit une autre scierie au croisement des nants de Bellecombe et du Mont. L’instauration d’une autre scierie serait une concurrence trop forte. Malgré tout, les ponts et chaussées autorisent la reconstruction, il s’en fallut de peu pour que cette scierie ne voit plus le jour!

En 1895, une demande est émise par François Mugnier pour construire en aval de l’emplacement actuel. Il achète le droit de riveraineté à Victor Brunier, et un accord lui est donné si tant est que la prise d’eau ne soit pas modifiée. Mais tu sais, les gens n’étaient pas très tendres entre eux… Car les propriétaires en aval refusèrent cette nouvelle installation pouvant les priver d’une partie de l’eau de la rivière. Un arrangement a bien du être trouvé car la scierie a été édifiée et utilisée jusqu’en 1965.

Pendant la guerre, elle a été requisitionnée et deux hommes la firent fonctionner pour les besoins de l’armée.

Petit à petit, la modernisation, le besoin de rentabilité ont fait disparaitre les scieries hydrauliques du paysage de Bellecombe. Sur les 12 recensées, seule la mienne a resisté au temps, au poids de la neige à force de renfort sous toiture, de petits rapieçages. J’en ai bien pris soin de ma scie mais heureusement que j’ai eu l’aide de l’association pour la restaurer.

Alors quand les premiers passionnés sont venus voir en 1983, c’était un peu comme ca:

Alors ils ont fait quelques croquis. Pour organiser les restaurations « 

« Montre moi Prosper… »

Une fois mis en valeur, ces petits crobars se muent en chef d’oeuvre…

Mais alors comment cela fonctionne ? De l’eau de la rivère via le bief, jusqu’à la planche bien sciée…Expliques moi tout cela…

Pour mise en fonctionnement, une partie de la rivière est détournée vers le bief grâce au captage. L’eau est menée vers la scierie par le bief en bois. Il faut détourner pas mal d’eau. Quand la riviere est grosse, au printemps, il n’y aucun problème, en été par contre, le débit est plus difficile à gérer.

L’eau se déverse dans le réservoir maçonné de 3m3 environ en bas du bief. Le réservoir a un trop plein, en guise de sécurité. Au bas du réservoir repart la conduite forcée en métal. C’est une pièce d’origine . La scie fonctionne bien que si le réservoir est constamment plein. Il faut bien doser l’arrivée d’eau, il doit y avoir plus d’eau qui arrive par le bief que d’eau qui repart dans la conduite.

La turbine PELTON se trouve à la sortie de la conduite, en métal, elle mesure un mètre de diamètre. La turbine se trouve sur un axe, celui-ci faisant tourner un vilebrequin et une bielle. Le mouvement rotatif de l’axe devient un mouvement en translation verticale. Le grand cadre sur lequel se trouve la scie va ainsi bouger de haut en bas. La bille de bois avance toute seule sur son chariot.

En effet, le mouvement vertical du grand cadre est à nouveau transformé en mouvement horizontal de petite ampleur, grâce à un crochet qui fait avancer le chariot à la bonne vitesse.

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